Le soufflet, c’est l’âme de l’accordéon.
Même avec une belle technique et un joli phrasé, une mauvaise gestion du soufflet peut tout gâcher : son instable, phrases coupées, musicalité confuse.
Bonne nouvelle : ces erreurs sont fréquentes, faciles à repérer… et à corriger.
Voici 3 erreurs courantes de soufflet que je rencontre régulièrement chez mes élèves — et des solutions simples pour retrouver un jeu fluide et expressif.
1️⃣ Un accompagnement irrégulier du soufflet
👉 L’erreur
Entre deux notes, vous arrêtez inconsciemment d’accompagner le soufflet.
Résultat : à-coups, variations d’intensité, son moins net.
👉 Pourquoi ça arrive
Souvent, l’attention est tellement focalisée sur les doigts… que le soufflet passe au second plan.
👉 Comment corriger
Le soufflet doit être accompagné en continu, même entre les notes et pendant les silences.
🎯 Exercice pratique :
- Jouez une note tenue en maintenant une intensité régulière en ouvrant puis en fermant le soufflet.
- Sur cette même note, jouez 2 rondes en ouvrant, puis 2 rondes en fermant, en veillant à accompagner régulièrement le mouvement du soufflet.
- Faites de même avec 4 blanches, puis 8 noires.
- Appliquez enfin ce principe sur une phrase musicale.
🎧 Écoutez-vous attentivement. Le son doit rester stable et soutenu, du début à la fin.
2️⃣ Un changement de sens mal maîtrisé
👉 L’erreur
Au moment de changer le sens du soufflet :
- une note traîne,
- la suivante tarde à sortir,
- ou… un bruit parasite apparaît.
👉 Pourquoi ça arrive
Il y a un manque de coordination entre les doigts et le soufflet.
Le changement de sens du soufflet n’est pas réalisé au bon moment.
👉 Comment corriger
- Relâchez complètement les touches avant le changement :
sinon, la note « bave ». - Vérifiez que le soufflet est bien sous tension avant de jouer la note suivante.
- Entraînez-vous à changer le sens du soufflet entre deux notes longues,
en cherchant une transition douce mais nette.
💡 Je dis souvent à mes élèves :
« Respirez avec les doigts ! »
Comme si vos doigts, eux aussi, avaient besoin de reprendre leur souffle en quittant le clavier — au même moment que le changement de soufflet, dans un geste naturel, sans précipitation.
3️⃣ Un changement mal placé
Comme un discours ne se limite pas à une suite de mots, une mélodie est bien plus qu’un enchaînement de notes : c’est une succession de phrases musicales.
Le changement de sens du soufflet, comme une respiration, doit respecter la ponctuation musicale.
👉 L’erreur
Changer le sens du soufflet au mauvais moment, c’est comme reprendre son souffle en plein milieu d’un mot.
Je dis souvent :
« C’est comme si vous aviez le hoquet au beau milieu d’une phrase ! »
Résultat : cela casse le rythme, brouille le discours.
👉 Pourquoi ça arrive
Un manque d’anticipation.
Beaucoup attendent d’être « à bout de soufflet » pour changer.
Pourtant, le bon moment ne dépend pas d’une contrainte technique, mais du sens musical de la phrase.
👉 Comment corriger
- Analysez vos morceaux : repérez les fins de phrases ou les moments de respiration naturelle.
- Planifiez vos changements à ces endroits précis.
- Notez-les sur la partition.
🎵 Comme un chanteur : on ne reprend pas son souffle au hasard, mais à un moment qui a du sens.
🎶 En résumé
Pour un soufflet maîtrisé, retenez 3 mots clés :
🎯 Régularité – Précision – Anticipation
- Un accompagnement régulier du soufflet soutient le son,
- Un changement précis rend le jeu net,
- Anticiper le phrasé, c’est jouer avec intention.
Le soufflet n’est pas qu’un moyen de produire du son :
c’est ce qui donne souffle, vie et émotion à votre interprétation.

FAQ : Soufflet et accordéon
Dois-je toujours accompagner le soufflet, même dans les silences ?
Oui. Comme une respiration continue, le soufflet garde votre jeu vivant — même sans note jouée.
Comment savoir si mon changement de soufflet est bien placé ?
Si la phrase respire naturellement, sans rupture, c’est bon signe.
Pour vous en assurer, voici un conseil que je donne souvent à mes élèves :
« Soyez à la fois le musicien et l’auditeur. »
Faut-il noter ses changements de soufflet sur la partition ?
Oui, cela vous donne des repères. Une fois notés, vous pouvez vous concentrer sur le jeu sans y penser.
🔗 Pour aller plus loin
- Lecture de notes à l’accordéon : 5 minutes par jour pour progresser vraiment
- Jouer de l’accordéon quand on manque de temps : 4 clés simples pour y arriver
💬 Et vous ?
Quelle est l’erreur de soufflet qui vous pose le plus de difficultés ?
Dites-le-moi en commentaire !



Merci beaucoup pour toutes ces questions abordées et les nombreux conseils et solutions.
Une autre question me taraude : je dispose d’un Hohner sur lequel j’ai pratiqué plusieurs années et j’ai acheté récemment un Cavagnolo.
Je joue moins bien sûr le second.
Dois-je cesser totalement de jouer sur le Hohner pour me familiariser avec le Cavagnolo, ou est-il possible d’être à l’aise avec plusieurs instruments.
Peut-être avez vous déjà abordé cette problématique.
En tout cas, encore merci pour votre communication très qualitative.
Jean-Luc
Bonjour Jean-Luc,
Merci pour votre message.
Passer d’un accordéon à un autre peut demander un temps d’adaptation.
Certaines différences entre les instruments sont notables (taille et forme de l’instrument, taille et espacement des boutons, dureté des claviers, vitesse d’ouverture et de fermeture du soufflet…) et demandent de se créer de nouveaux repères et s’habituer à d’autres sensations.
Avec la pratique, il est toujours possible de passer d’un instrument à l’autre, mais peut-être faut-il mieux fixer des repères stables en jouant sur un seul instrument ? À moins que vous voyiez un intérêt particulier de passer d’un instrument à l’autre en fonction du contexte : répertoire (accordage, choix de registres), jeu debout ou assis (poids de l’instrument) ou autre.
C’est effectivement une problématique que je n’avais pas encore abordée…
En espérant vous avoir aidé.
Cédric